Inspiration

Ma vie a basculé un jour du mois de mai alors que je visitais l'école de Mirecourt...

En entrant dans l'atelier, je fus d'abord fasciné par la quiétude qui y régnait. Puis, ce fut les odeurs… Les senteurs de bois d'épicéa et d'érable mêlées à celles des vernis flottaient dans une atmosphère paisible.

Des élèves appliqués œuvraient sur diverses pièces de bois, s'acheminant doucement vers la fabrication de leur premier violon.

Au fond de l'atelier, siégeait un vieux maître luthier vêtu d'un tablier bleu passé. Il appliquait avec dextérité, à l'aide d'un pinceau plat, de fines couches de vernis sur le fond d'un alto qu'il venait d'achever. Par une addition soignée d'un mélange jaune orangé, il obtenait la nuance désirée et colorait ainsi les ondes de l'érable qui prenaient un relief et une profondeur de toute beauté.

A côté de lui, un jeune garçon s'affairait à l'ébauchage d'une table de violon. Elle prenait forme à mesure que la grande gouge attaquait le bois dans son travers, laissant place à de profonds sillons parallèles. De longs copeaux se dégageaient en volutes pour aller joncher le sol. Sous l'oeil averti de son maître, le jeune apprenti façonnait sa pièce d'épicéa, en prenant garde de bien ménager les flancs pour ne pas amaigrir la voûte naissante.

En retrait, dans une autre salle, d'autres élèves travaillaient à différentes tâches. Une multitude d'outils originaux accrochés sur des tableaux de bois ornaient les murs blancs de la pièce et je m'en émerveillais. Il y avait des panoplies de ciseaux, de gouges et d'autres outils insolites qui, logés à la verticale en ordre croissant de grosseur, donnaient l'impression que d'immenses flûtes de pan ornaient la pièce.

L'autre partie du grand atelier était le fief des archetiers. Je fus transporté par la beauté et la finesse de ces arcs de bois de Pernambouc, rehaussés à leur extrémité par une pièce d'ébène ornée de nacre et d'argent. Les plus beaux possédaient des montures en ivoire ou en écaille de tortue translucide qui soulignaient les pièces d'or rose et les nacres savamment ajustées. Ces archets provenaient des mains expertes d'un maître, qui assurait la pérennité de son art auprès d'autres jeunes disciples. Je fus alors complètement envoûté par ce métier où, à travers des formes complexes, transparaissaient élégance et harmonie. Je restai un long moment à observer un ancien élève qui donnait la subtile cambrure de son archet en réchauffant la baguette au-dessus d'un réchaud de charbon de bois. Il s'affairait avec une extrême vigilance pour chauffer suffisamment le bois afin d'assouplir ses fibres sans le brûler. Il pliait ensuite doucement le Pernambouc sur le coin de son établi jusqu'à ce que la cambrure soit parfaite.

Je ne le ne le savais pas encore, mais j'allais devenir l'un d'entre eux...

Formation

  • Bernard Ouchard Mirecourt France
  • Roger Lotte Mirecourt France
  • Jacques Camurat Paris France
  • Max Möller Amsterdam Pays-Bas

Prix

  • Meilleur Ouvrier de France Paris - France 1994
  • Second prix de la ville de Paris Paris - France 1991
  • Médaille d'Or Ottawa - Canada 1984
  • Médaille d'Argent Portland - USA 1986
  • Certificat de mérite Kassel - Allemagne 1983
  • Brevet de technicien Mirecourt - France 1980